KIC8462852 toujours plus mystérieuse

Suite à la découverte d’une étoile dont le flux lumineux intrigue la communauté astronomique, le SETI a cherché à savoir s’il y avait quelque chose à voir avec la présence d’une structure artificielle due à une intelligence extra-terrestre. Et alors que la communauté scientifique penchait jusqu’à présent plutôt pour l’hypothèse d’un groupe de comètes géantes cette dernière est également remise en question.

 

Rappel des faits

Dans un article scientifique sorti en octobre 2015, des astronomes étudiaient l’étoile KIC8462852 car son flux lumineux baissait de manière conséquente, irrégulière et inconstante, ce qui ne ressemble pas à une activité normale pour ce type d’étoile. En effet 22%  de variation c’est beaucoup (Jupiter, planète géante de notre système solaire occulte 1% de la lumière du soleil par exemple). Un peu plus de détails dans l’article sur la découverte de KIC.

Dans leur publication, les scientifiques essaient de trouver des explications naturelles au phénomène, et après avoir passé en revue toutes les hypothèses telles que la présence d’une exoplanète, de perturbations à la surface de l’étoile, d’un problème technique du satellite, de vastes nuages froids de gaz et de poussière, de débris d’astéroïdes après de violentes collisions ou encore la présence d’un disque protoplanètaire, seule est restée en lice l’hypothèse de la présence de comètes géantes qui restait la plus probable.

  

Une autre hypothèse un peu folle

Logo original de l’institut SETI

Mais dans une interview au journal The Altlantic, Jason Wright, astronome à l’université de Pennsylvanie, a proposé l’hypothèse de la présence d’une méga structure extra-terrestre en construction autour de l’étoile, telle une sphère de Dyson. Cette déclaration a eu un gros retentissement dans les médias, et surtout que le SETI, dont fait partie Wright, avait prévu d’écouter l’étoile mystérieuse.
Le SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence) est un programme scientifique de radioastronomie, dédié à la recherche dans l’univers d’une intelligence extraterrestre. Et donc, ce programme a orienté ce même mois d’octobre 2015 les 42 antennes de 6 m de diamètre de l’Allen Telescope Array situé environ 500 kilomètres au nord de San Francisco vers KIC8462852, pour « écouter » pendant 2 semaines si des fréquences entre 1 Hz et 10 GHz pouvaient être détectées. Car même si l’hypothèse de la détection d’un signal signifiant la présence d’une civilisation E.T. est peu probable, mieux vaut vérifier selon l’astronome du SETI Seth Shostak. Deux fréquences d’ondes différentes ont été recherchées, que l’on peut distinguer plus aisément des différentes émissions naturelles en provenance de l’univers et de ses étoiles, mais aucun signal artificiel n’a été détecté à ce jour (aucune onde émise dans la direction de la Terre ni de traces de propulsions d’un hypothétique vaisseau spatial). Toutefois le SETI a nuancé ce résultat négatif, en rappelant que pour détecter de telles ondes à cette distance de l’étoile (1400 années-lumière) il devrait être émis de très puissantes fréquences et qu’il n’y a pour l’instant peut-être pas sur terre d’instruments assez puissants pour les détecter.

 

Pour finalement écarter l’hypothèse des comètes géantes

Surtout qu’un retournement de situation à eu lieu en ce début d’année. Il se trouve que KIC8462852 est observée depuis plusieurs siècles et qu’une nouvelle étude à repris toutes les données de 1890 à 1989 grâce à des plaques photographiques d’archives numérisées de Harvard, représentant la région du Cygne, où se trouve justement notre étoile mystérieuse.
Bradley E. Schaefer (université de Louisiane) a ainsi découvert que l’intensité lumineuse de KIC8462852 a baissée de 20% en 100 ans. Ce phénomène est anormal pour une étoile comme KIC et, ceci additionné aux baisses de luminosité intenses et irrégulières repérées par le programme Kepler, ni la présence de poussières autour de l’étoile, ni la présence de comètes géantes ne peuvent expliquer les deux phénomènes. En fait, Schaefer explique que selon ses calculs, il faudrait 648.000 comètes, larges de 200 kilomètres chacune, pour arriver aux baisses observées.
Pour lui, les deux évènements sont très probablement liés, mais il n’a aucune explication à fournir aujourd’hui. Il suppose que soit quelque chose échappe aux chercheurs lors de la récolte ou l’analyse des données, soit il faudrait trouver une nouvelle hypothèse.

Le mystère reste donc encore entier à ce jour, l’hypothèse de la mégastructure extra-terrestre ne collant pas non plus avec les conclusions de la récente étude selon Schaefer.

Les astronomes n’ont plus qu’à continuer à surveiller KIC, attendant une baisse de luminosité de l’étoile pour l’étudier en direct. Et pourquoi pas retourner surveiller cette étoile avec le prochain télescope spatial James Webb, remplaçant de Hubble muni d’une surface collectrice sept fois plus grande. Ses images seront aussi nettes que celles d’Hubble, mais bien plus sensibles, ce qui lui permettra d’observer des objets impossibles à voir pour Hubble, notamment des exoplanètes.

  

Bibliographie :

Decourt R., février 2014. Futura-sciences, La Nasa confirme le lancement du télescope James Webb en 2018.
Demeersman X., janvier 2016. Futura-sciences, KIC 8462852, l’étrange étoile, devient… encore plus étrange.
Wall M., octobre 2015. Space.com, ‘Alien Megastructure’ Mystery May Soon Be Solved.

Quand les astronomes amateurs chassent les exoplanètes

En octobre 2015, des astronomes professionnels et amateurs informent avoir repéré une étoile présentant des chutes de luminosité pouvant être brutales (jusqu’à 22 % du flux), parfois durables et totalement imprévisibles. Dans un article scientifique publié conjointement, amateurs et professionnels nous expliquent pourquoi ils se sont intéressés à KIC 8462852 et tentent d’expliquer son comportement pour le moins étrange. Mais comment ont-ils découvert cette intrigante étoile ?

KEPLER et les exoplanètes

Kepler est un télescope spatial de la NASA, lancé en 2009 via le programme Discovery consacré aux missions scientifiques à faible coût. L’objectif de la mission, scruter notre région de la galaxie et découvrir d’autres systèmes planétaires. Plus particulièrement, ce qui intéressait les scientifiques était la recherche d’exoplanètes, planètes hors de notre système solaire, d’une taille similaire à la Terre et se trouvant dans la « zone habitable » de leur étoile. Et où pourrait donc potentiellement exister eau liquide et vie organique.

Comment ces exoplanètes sont-elles repérées ? Le télescope Kepler est un photomètre, mesurant la luminosité des étoiles. Il se compose pour cela d’un miroir de 1,4 mètre et d’un détecteur de 95 millions de pixels.

Si, grâce au télescope, on s’aperçoit qu’une étoile voit son flux lumineux modifié, une explication peut être la présence d’une ou plusieurs planètes. Quand une fluctuation de flux lumineux est observé, on peut en déduire qu’il y a un objet en transit (entre la lumière de l’étoile et le télescope). Pour que ce soit une planète, il faut plusieurs transits, montrant les mêmes fluctuations lumineuses et espacés d’une même durée.

Des données par milliers

L’enregistrement des données de la mission s’est donc étalé de mai 2009 à mai 2013, et pendant ces 4 années, le télescope effectuait un tour de 90 degré tous les 3 mois pour optimiser l’échantillonnage. Il y a donc 4 échantillons par an, avec une visée sur plus de 150 000 étoiles durant 30 min, ce qui représente plus de 2,5 milliards de données par an.

Deux traitements de données différents ont alors été effectués, l’analyse automatique par un algorithme informatique et la création d’un projet scientifique participatif sur la plateforme internet Zooniverse, « Planet hunters ». Ce projet réuni des volontaires amateurs (et même néophytes) qui analysent visuellement des courbes pour repérer des planètes qui auraient pu être ignorées par l’algorithme.

Après inscription, Planet Hunters propose d’observer des courbes de points représentant le flux lumineux d’une étoile d’une période de 30 jours. Le but étant de repérer les irrégularités dans la représentation des courbes, qui pourrait impliquer un objet en transit devant l’étoile. Précisément, si le volontaire observe une chute de la position des points dans le tracé d’une courbe de façon répétée, alors c’est une planète potentielle. L’intensité de la chute et l’écart entre ces chutes permettent de déterminer la taille et l’orbite de la planète.

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Exemple de détection de transit sur une courbe de flux lumineux (http://www.planethunters.org)

 

L’analyse algorithmique pouvant ignorer certains schémas repérables par un cerveau humain, les innombrables données à interpréter ont été mises à la disposition de la communauté du web, permettant ainsi aux citoyens de  participer à la recherche des exoplanètes comme cela avait été fait pour le programme SETI. Aujourd’hui, après avoir passé au crible près de la moitié des courbes de la mission, une centaine de planètes candidates et de nombreuses planètes confirmées ont été découvertes grâce aux volontaires de Planet hunters.

Les planètes candidates sont des objets en transit dont la taille est égale ou inférieure à celle de Jupiter, repérés par les volontaires mais qui n’ont pas été confirmés. En effet, en plus de la répétition du passage de l’objet devant l’étoile et de sa taille, il faut également une estimation de la masse de cet objet pour différencier une étoile, orbitant autour de l’étoile étudiée, et une planète. En outre de nombreuses autres raisons pourraient expliquer une modification de flux lumineux d’une étoile.

KIC 8462852, une étoile qui attire l’attention

D’autres découvertes peuvent ainsi être faites par hasard. Des courbes inhabituelles peuvent être repérées et discutées via une interface du site Planet Hunters. C’est ainsi que la courbe de l’étoile KIC 8462852 a attiré l’attention des chasseurs volontaires. Cette courbe, quand elle est regardée sur la période totale de la mission Kepler (4 ans), présente des baisses d’intensité lumineuse et une périodicité irrégulières, ce qui a amené les astronomes amateurs et les scientifiques du projet à étudier plus précisément cette étoile.

A l’aide des données et d’observations complémentaires, ils ont pu vérifier que ces fluctuations n’étaient pas des erreurs de mesures de l’instrument et étudier plus précisément le flux lumineux (photométrie), le spectre (spectroscopie), la photographie… Ils sont également partis à la recherche d’un système équivalent dans les données mais KIC 8462858 se révèle unique et n’aurait jamais été repérée par un algorithme !

Cette découverte a donc fait l’objet d’une publication conjointe d’amateurs et de professionnels dans laquelle, à l’aide de leurs vérifications, ont été passées en revue chaque hypothèse astrophysique ou matérielle pouvant expliquer la fluctuation lumineuse. Seule semble résister pour l’instant celle de la présence d’un nuage de comètes orbitant autour de l’étoile.

Cette étude a provoqué un gros retentissement dans la sphère publique car Jason Wright, astronome à l’université de Pennsylvanie, a proposé comme explication alternative l’hypothèse d’une structure extra-terrestre autour de l’étoile. Cela a eu l’avantage d’attirer de nombreux nouveaux volontaires sur la plateforme et d’éveiller l’intérêt du programme SETI qui, suite à cette découverte, orientera un de ses télescopes vers cette étoile pour voir s’il y a potentiellement une trace de l’existence d’une civilisation extra-terrestre.

 

Bibliographie :

R. Anderson, 13 octobre 2015. The Most Mysterious Star in Our Galaxy. The Atlantic.com
http://www.theatlantic.com/science/archive/2015/10/the-most-interesting-star-in-our-galaxy/410023/

J. Aron 18 septembre 2015. Citizen scientists catch cloud of comets orbiting distant star. The new scientist.com
https://www.newscientist.com/article/dn28191-citizen-scientists-catch-cloud-of-comets-orbiting-distant-star/

P. Barthélémy, 15 octobre 2015. KIC 8462852, l’étoile la plus mystérieuse de la galaxie ? Blog Passeur de sciences.
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2015/10/15/kic-8462852-letoile-la-plus-mysterieuse-de-la-galaxie/

T.S. Boyajian et al. (soumission septembre 2015). Planet Hunters X. KIC 8462852 – Where’s the flux ? Monthly Notices of the Royal Astronomical Society

JL Dauvergne, 15 octobre 2015. Quand des comètes sont prises pour une flotte extraterrestre… Cieletespace.fr
http://www.cieletespace.fr/node/19692

S. Huet, 7 janvier 2015. Kepler a découvert 1.000 exoplanètes. Blog {Sciences²} sur Liberation.fr
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2015/01/kepler-a-d%C3%A9couvert-1000-exoplan%C3%A8tes.html

S. Shostak, 22 octobre 2015. Alien Engineering Around Strange Star ? seti.org http://www.seti.org/seti-institute/news/alien-engineering-around-strange-star

Article wikipedia sur Kepler : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kepler_%28t%C3%A9lescope_spatial%29

Site internet de la mission Kepler : http://kepler.nasa.gov/Mission/ (dernière consultation 21/01/2016)

Site internet du projet Planet hunters : http://www.planethunters.org/#/science (dernière consultation 21/01/2016)

 

Prix Une autre Terre 2016

Le Prix Une Autre Terre est un prix littéraire de lecteurs qui récompense un roman d’anticipation pour sa prise en compte des problématiques sociales et environnementales dans son histoire.


Ouvert à tous et gratuit, vous pouvez rejoindre le Jury des Lecteurs, que vous soyez un féru de littérature ou non, c’est la diversité des lecteurs qui fait la richesse des débats ! Le seul prérequis… avoir lu les trois livres sélectionnés ! Et être disponible le jour de la délibération.

Les objectifs du Prix « Une Autre Terre » sont les suivants :

  • Permettre à la filière technico-scientifique, afin d’optimiser ses procédures, d’entendre et de discuter les thèses innovantes d’écrivains d’anticipation.
  • Offrir aux écrivains, afin d’actualiser leurs connaissances, l’accès à un réseau de spécialistes techniques et scientifiques.
  • Fédérer un réseau de partenaires, tous passionnés de littérature de science-fiction, autour d’un projet convivial d’échange et d’amélioration permanente.

Le Jury des Lecteurs se réunira à Paris pour élire le lauréat 2016.
La date et le lieu ne sont pas encore fixé. Il est simplement indiqué que cela se déroulera un samedi après-midi, à la fin du mois de mars 2016 ou au début du mois d’avril.
Au programme : ateliers participatifs et débats, encadrés par les membres de l’association, avec délibérations pour l’élection du lauréat du Prix Une Autre Terre 2016. J’ai personnellement participé à ce jury deux années de suite (2013 et 2014) et vous pouvez voir un compte rendu de ma participation en 2013. Cette année cela me semble difficile de faire parti du jury, vu que je suis des cours le samedi toute la journée. Mais n’hésitez pas si vous le pouvez à vous inscrire au jury des lecteurs.

Cette année, les trois romans qui concourent pour le Prix Une Autre Terre 2016 sont :

 

Lovestar de Andri Snaer Magnason aux éditions Zulma

« Peu de temps après que les mouches à miel eurent colonisé Chicago, les papillons monarques furent saisis d’un étrange comportement. […] Au lieu d’aller vers le sud rejoindre leurs quartiers d’hiver, ils se dirigèrent vers le nord. » C’est ainsi que s’ouvre le roman, fable imaginative et pourtant étrangement familière, tenant à la fois de Calvino et des Monty Python. Face à la soudaine déroute de toutes sortes d’espèces volantes, le génial LoveStar, vibrionnant et énigmatique fondateur de l’entreprise du même nom, invente un mode de transmission des données inspiré des ondes des oiseaux, libérant d’un coup l’humanité, pour son plus grand bonheur, de l’universelle emprise de l’électronique. Et développant au passage quelques applications aussi consuméristes que liberticides… Avec des hommes et des femmes ultra connectés payés pour brailler des publicités à des passants ciblés, le système ReGret, qui permet « d’apurer le passé », ou le rembobinage des enfants qui filent un mauvais coton. Autre innovation, et pas des moindres, en faveur du bonheur humain : les âmes sœurs sont désormais identifiées en toute objectivité par simple calcul de leurs ondes respectives. Quand Indriði et Sigríður, jeunes gens par trop naïfs et sûrs de leur amour, se retrouvent « calculés », ils tombent des nues : leur moitié est ailleurs. Les voilà partis, Roméo et Juliette postmodernes contrariés par la fatalité, pour une série de mésaventures cocasses et pathétiques, jusqu’à ce que leur route croise celle de LoveStar lui-même, en quête de son ultime invention…
    
Le vivant de Anna Starobinets aux éditions Miroboles
Dans un futur lointain, les humains sont connectés via des implants à un réseau commun. Ensemble, ils forment un organisme unique, le « Vivant ». La mort n’y existe pas : dès qu’un individu est « mis sur pause », son code génétique renaît dans un nouveau corps. Le nombre d’humains est constant – trois milliards.
Le Vivant vacille sur ses bases lorsque l’impensable survient : un homme naît. Il est sans code, sans patrimoine, il n’est la réincarnation de personne. On l’appelle Zéro. Placé sous étroite surveillance, il devra trouver des réponses sur son identité dans un monde réputé parfait…
    

Collision
de Vincent Verhelst aux éditions Valka Pahsser
Sous un soleil de plomb, une cité survit au milieu de territoires désertiques, traversés par d’immenses voies de circulation. Les accidents qui s’y produisent attirent les chasseurs de faits divers et font l’objet d’une course à l’image lucrative. Action et anticipation pour ce roman inspiré des dérives de la culture de masse.
« Il rêva, pendant cette courte nuit, de sont retour à grande vitesse sur l’asphalte gris. Ses yeux caméras enregistraient des crashs spectaculaires qui projetaient des halos dans la nuit – un résumé de sa putain de vie. »

Les scénarios de la biodiversité à l’heure du changement climatique – Journées FRB 2015 1/2

Les 1er et 2 octobre 2015 ont eu lieu les 2èmes rencontres des experts des plateformes intergouvernementales dédiées à la biodiversité et aux services écosystémiques (IPBES) et au climat (GIEC) au Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ainsi qu’à la Maison des Océans de Paris.
Ces journées, organisées par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), étaient ouvertes au public sur inscription gratuite, et présentaient

  • les interactions entre les modèles et les scénarios de la biodiversité et du climat (Jour 1)
  • les premiers résultats du programme « modélisation et scénarios de la biodiversité » de la FRB (Jour 2)
  • une conférence publique : quels scénarios pour quelles décisions ? (Jour 2)

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« Biodiversité et climat, même combat » est le message que je retiendrais de l’intervention introductrice du président de la FRB, Jean-François Silvain. Et aussi un contexte particulier, vu que la veille de ces journées, le gouvernement avait autorisé 3 nouveaux permis exploratoires pour le gaz de schiste en France.

En ce premier jour de rencontre, qui n’était ouvert au public que l’après-midi, j’ai assisté aux 5 premières conférences sur sept. Je vous résume ici ce que j’en ai retenu.

  

La conférence n°1, intitulée « Modélisation des climats futurs : certitudes, incertitudes et perspectives » était présenté par Jean-Louis Dufrêne, directeur de recherche au laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD) et directeur adjoint de l’Institut Pierre-Simon Laplace. Responsable également du Centre de modélisation de climat de l’IPSL.

En résumé il y a eu ces dernières années une évolution des modèles climatiques, avec un changement de point de vue, plus de tests selon plus de composantes. Les modèles sont devenus plus complexes (pas plus compliqués, complexes c’est-à-dire qu’ils prennent en compte plus de paramètres). Si nous visons juste une stabilisation des émissions de GES, la température augmentera quand même. Il y aura un réchauffement global de la Terre, mais au niveau local le climat pourra répondre différemment dû à ses variations naturelles.
Il reste des défauts dans les modèles, mais ils ont gagné en cohérence, réalisme et complexité. De nos jours il est en plus possible de faire beaucoup plus de comparaisons avec des observations directes (grâce aux satellites) et il y a beaucoup de plus de résultats disponibles pour les analyses. Par exemple, aujourd’hui ces modèles climatiques sont utilisés pour les modèles de la biodiversité afin de voir son évolution en fonction du climat. Il a semblé important à Jean-Louis Dufrêne de préciser qu’il était essentiel de ne pas prendre des moyennes de modèles, mais d’appliquer plusieurs modèles selon les variations que l’on veut étudier pour un même paramètre.

  

La conférence n°2, intitulée « Les avancées de l’évaluation « scénarios et modèles pour l’aide à la décision » de l’IPBES – les liens avec les modèles climatiques », était présentée par Olivier Maury, chargé de recherche à l’IRD, écologue marin et spécialiste des modèles de population et des écosystèmes.

Dans ses modèles, Olivier Maury nous précise qu’il y a une focalisation sur le changement d’échelle, vers une échelle plus locale, car la gestion se fait souvent au niveau local. Les composantes écosystémiques sont très peu prises en compte dans les modèles de biodiversité (ce qui me paraît étrange personnellement, car cela semblerait logique de le faire). Les modèles sont encore à complexifier pour prendre en compte les réactions de la société, en fonction du changement des services écosystémiques.
Il nous présente un exemple d’une modélisation climat-biodiversité-écosystème océanique. Les activités humaines sont prises en compte ainsi que le marché économique, sans oublier la rétro-activité. Le modèle montre que les dérèglements climatiques (augmentation de la température des eaux profondes des océans) auront un impact sur le stockage du carbone par les océans (1er poumon de la planète) dû à la migration trophique supérieure forte, qui a une influence sur le climat.
Olivier Maury pense qu’il faut au moins 3 types de scenarii à proposer à partir d’une modélisation : un exploratoire, un à objectifs et un avec les impacts des décisions politiques. Ensuite il faut comparer les résultats de ces 3 scenarii sans chercher dans un premier temps à déterminer le meilleur.

  

La conférence n°3, intitulée « Interactions entre changements climatiques, changements d’utilisation des terres et biodiversité : enjeux pour la sécurité alimentaire », était présentée par Jean-François Soussana, directeur scientifique de l’INRA, spécialiste de l’écologie des prairies et des cycles du carbone et de l’azote.

L’intervenant nous a rappelé que l’agriculture possède un lien avec la biodiversité et le climat. Et qu’il y a même une dimension socio-économique : climat à biodiversité à modèle agricole + régionalisation.
Pour lui, une meilleure connaissance de l’interaction entre la détérioration des terres (perte de production) et les changements de qualité et quantité de production causés par le climat (inondation ou sécheresse) est nécessaire.
Soussana évoque également le besoin d’un couplage des modèles biodiversité-agriculture et biodiversité-santé animale et végétale. Ainsi que la prise en compte de l’influence des marchés.
L’atténuation des gaz à effet de serre peuvent avoir un effet sur le prix des ressources alimentaires (augmentation du prix des ressources donc baisse de la sécurité alimentaire), mais relativement peu important selon lui.
Par contre, une augmentation des évènements exceptionnels est à prévoir, qui poserait également problème. Faut-il pour autant changer les systèmes agricoles ? Pour Soussana, il faut d’abord fixer des objectifs.

   

La conférence n°4, intitulée « Mesures et modélisation de la captation du carbone : rétroactions de la biodiversité sur le climat », était présentée par Jérôme Chave, directeur de recherche CNRS au laboratoire Evolution et diversité biologique (Toulouse), coordinateur du laboratoire d’excellence CEBA (Centre d’étude de la biodiversité amazonienne) et directeur scientifique de la station de recherche en écologie des Nouragues en Guyane.

Jérôme Chave nous a parlé des forêts tropicales, qui ont une capacité stockage du CO2 en baisse à cause de la déforestation, pour raison économique ou agronomique (soja, palmier à huile, agro-énergie). El Niño avait déjà provoqué un changement d’occupation des sols, une des conséquences des changements climatiques.
Il existe déjà des cartes de stockage de carbone mais avec de grosses incertitudes, car là où la biomasse est la plus forte il y a très très peu d’études (forêts tropicales donc difficulté d’accès). Mais il y a aujourd’hui un projet de télédétection sur une échelle globale par des satellites de mesure de biomasse (pour 2020) dont 1 LIDAR (télédétection par laser) sur la Station spatiale internationale ! De quoi compléter les données.

  

La conférence n°5, intitulée « The need for evaluation of ecosystem services and biodiversity for policy making under climate change », était présentée (en anglais, sans traduction) par Unai Pascual, docteur en économie de l’environnement de l’Université de York (Royaume-Unis).

L’intervenant nous a parlé ici de l’évaluation des services écosystémiques. Une évaluation non seulement économique mais aussi biologique, ainsi que pour la santé. Pour identifier les échanges sur le sujet et augmenter la prise de conscience de la société, il faut créer de meilleurs outils : il faut une aide aux décisions politiques.
La représentation des services écosystémiques dans le monde recouvre une diversité de concepts pour les valeurs de la Nature. En France on a donné beaucoup de valeur économique pour essayer d’ouvrir les yeux sur les impacts des changements globaux.
Unai Pascual nous présente un exemple d’outil d’aide de prise à la décision au Royaume Unis : trois cartes avec un modèle politique tout économique contre un modèle politique avec promotion et préservation des services écosystémiques, plus une dernière avec la politique actuelle. Et Pascual propose une comparaison de chaque carte avec les mesures des productions agricoles, du stockage de carbone, des services culturels et de la conservation de la biodiversité.
La conclusion de l’étude est qu’il ne peut être appliqué la même politique pour tout le pays, car cela ne prendrait pas en compte l’échelle locale. Il faut adapter les politiques aux régions pour une meilleure efficacité, mais ne pas uniquement s’appuyer sur des valeurs marchandes. La conservation de la biodiversité a un coût, mais qui offre un bénéfice en retour. Il faudrait en conséquence proposer une politique multicritère de décisions.

   

Ce premier jour était intéressant, présentant les dernières avancées en recherche sur les modèles de la biodiversité en lien avec le climat. Tout le monde semble s’accorder sur l’impact des changements climatiques, qui n’ont ici pas été remis en cause. Il reste apparemment de nombreux axes de recherche à améliorer et explorer mais certains résultats montrent qu’il existe déjà des solutions de proposées pour les décideurs politiques.

Paris 14 HORS TAFTA – Un forum pour informer les citoyens du 14è

Jeudi 24 septembre 2015 au soir, la salle des mariages du 14è arrondissement de Paris était pleine. Une centaine de personnes était venu assister à une conférence pour s’informer sur le TAFTA. Cette soirée était organisée par le collectif STOP TAFTA Paris 14 (regroupant plusieurs associations du 14è) suite au  vœu déclarant le 14è arrondissement de Paris hors TAFTA, approuvé à l’unanimité le 11 mai 2015 par le conseil d’arrondissement.

 

C’est Jérémie FABRE (remplaçant au dernier moment Renaud LAMBERT) du Monde diplomatique qui a ouvert la soirée de conférence, en commençant par nous présenter ce qu’est le TAFTA, son historique et son contexte économique et social. Le jeune journaliste, peut-être pas très sûr de lui mais consciencieux, avait bien préparé son intervention, avec des exemples concrets des problèmes que pose le TAFTA pour la société civile. Dommage qu’il l’ait lue mais c’était quand même très clair.

Et donc le TAFTA c’est quoi en quelques mots ?
En 2013, l’UE et les États-Unis ont entamé des négociations en vue de conclure un accord de partenariat transatlantique sur le commerce et l’investissement. Ils considèrent cet accord comme une opportunité pour sortir du marasme économique de part et d’autre de l’Atlantique.  Or, les risques socio-économiques et environnementaux associés à ces prétendus « bénéfices » pourraient s’avérer catastrophiques par, l’harmonisation par le bas des régulations d’un côté, et des tribunaux internationaux permettant aux entreprises de poursuivre les États pour des lois ou réglementations qui contreviendraient à leurs (possibles) profits ou investissements (lire un compte rendu  sur le rapport « A Brave New Transatlantic Partnership« ) de l’autre. Nous en avons des exemples aujourd’hui avec des traités déjà existant, comme l’ALENA (traité entre Etats-Unis, Canada et Mexique) par lequel une société pétrolière a, en 2013, attaqué le Québec pour son moratoire sur l’exploitation dans la partie du fleuve Saint-Laurent située en amont de l’île d’Anticosti et sur les îles se trouvant dans cette partie du fleuve. Et réclamé 250 millions de dollars.
Une courte vidéo qui explique très bien le TAFTA en infographie (par Data Gueule)

Ensuite, ce fut au tour de Frédéric VIALE de prendre la parole. Il est juriste, membre d’ATTAC, auteur du « Manifeste contre les accords transatlantiques » (Etats-Unis et Canada) et semble bien maitriser son sujet. Il est en plus un très bon orateur. Il nous à surtout parlé de la partie la plus décriée du TAFTA : les tribunaux qui permettront aux entreprises d’attaquer les États pour perte d’intérêt de l’entreprise attaquante. Les deux principaux problèmes que posent ces tribunaux sont : ils sont privés et seules les entreprises pourront les saisir.

Le jour même de cette conférence, il a été annoncé ces tribunaux ne seraient finalement pas forcément privés. Il serait donné le choix aux entreprises de choisir leurs « juges » : les tribunaux privés OU des représentants de la justice européenne dans une liste prédéfinie (par qui ? cela n’a pas été précisé lors de la conférence). Mais la conclusion de Frédéric VIALE est, que ces tribunaux soient privés ou publiques ne change rien, le jugement sera toujours rendu sur la base de l’accord économique qui favorise l’intérêt des entreprises en premier lieu, avant les intérêts de l’État ou de la société, de l’environnement, de la santé…

De plus, parallèlement, l’accord du CETA lui (traité entre l’Europe et le Canada, aussi en cours de négociation), garde les tribunaux privés et cela n’est absolument pas remis en cause. Par le jeu des filiales, les entreprises pourront passer par le Canada pour attaquer les États européens.

Pour finir, Maxime COMBE, économiste, militant altermondialiste, membre d’ATTAC, et spécialiste du climat nous a parlé de l’aspect climatique du TAFTA. Lui aussi est très bon orateur et semble bien maîtriser son sujet.

Il a commencé par nous rappeler que les COP climatiques (Conférences des parties de l’ONU sur le climat) sont des négociations qui se déroule depuis 1992 et qu’elles visent à diminuer la production de gaz à effet de serre (GES). Or l’augmentation de 50% de ces GES (la moitié de la consommation totale du pétrole depuis qu’il est utilisé) s’est faite depuis la fin des années 80.

Il ajoute même une petite anecdote sur la sortie de la synthèse du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) de novembre 2014. Apparemment, le président F. Hollande était au Canada ce jour là pour inciter les entreprises françaises à l’exportation et l’exploitation des sables bitumineux du Canada… extrêmement polluants et producteurs de GES.

Pour Maxime COMBES, aujourd’hui, les décisions politiques sont en faveur de l’économie actuelle (i.e. libérale et capitaliste combinées), économie qui accentue la crise climatique et s’appuie sur les accords bilatéraux de libre-échange comme le TAFTA.

D’une part les négociations climatiques prévues en décembre 2015 vont s’appuyer sur un cadre de négociations qui demande (oblige ?) à ce que les accords n’interfèrent pas avec l’économie en place et les accords bilatéraux de libre-échange. D’autre part une étude d’impact commanditée par la Commission européenne reconnaît qu’une libéralisation accrue des échanges transatlantiques générerait une hausse des émissions de gaz à effets de serre de 4.000 à 11.000 milles tonnes de CO2 par an, mais cela ne serait apparemment pas pris en compte dans les négociations actuelles. Nous avons là, pour Maxime COMBES, un exemple concret de l’économie empêchant le développement de politiques écologiques fortes apportant des solutions contre le changement climatique.

Il y a ensuite eu un débat avec la salle, avec une forte demande des personnes présentes de solutions concrètes à l’échelle du citoyen, car la plupart ne croient pas au pouvoir des politiques. Certains trouvent même que les trois intervenants n’ont pas été assez vindicatifs. Le médiateur a fait remarqué qu’il ne faut pas oublier que ce n’est pas leur rôle, et qu’ils sont plus des lanceurs d’alerte.
Un constat a également été fait sur le peu de jeunes présents dans la salle. Une des réponses soumises par Maxime Combes est que la mobilisation des jeunes est plus forte pour le climat que pour le TAFTA.

De cette soirée, je retiendrais qu’il existe un lien entre économie (TAFTA) et écologie (climat) et que pour remédier à la crise climatique actuelle il faudrait agir sur le système économique actuel.

 

Le site de la Commission européenne sur le TAFTA

Le blog de Maxime Combes

Le dossier « Grand marché transatlantique » du Monde diplomatique

Le site du collectif STOP TAFTA

Ma formation, mois #01

Dans un précédent article, j’avais présenté dans les grandes lignes  la formation  de médiation scientifique. Mais cette formation, ce n’est pas que de la présentielle pour écouter parler les prof, on nous l’a assez répété, nous sommes des adultes et nous allons devoir nous investir.

Voici donc un petit bilan du mois d’octobre sur ce que j’ai fait dans le cadre de la formation.

Choix des études de textes pour la validation (totale ou partielle) des unités d’enseignement :

  • De l’histoire naturelle à l’environnementalisme : les enjeux de l’amateur, article scientifique de CHANSIGAUD Valérie dans la revue Alliage n°69 ;
  • Le roman de la science Raison et idéologie chez Isaac Asimov, article scientifique de CHABOT Hugues dans la revue Alliage n°74 ;
  • Comment les citoyens peuvent-ils participer à la résolution des problèmes créés par la techno-industrie ? petit texte de Dominique Pestre dans Les sciences ça nous regarde de Dominique Pestre ;
  • Faire sa fête à la science ? petit texte dans Impasciences de Jean-Marc Levy-Leblond ;
  • Le nouvel esprit de la démocratie, livre de Loïc BLONDIAUX ;
  • Voyager dans le temps. La physique moderne et la temporalité, livre de Mac LACHIÈZE-REY ;

Choix des thèmes pour les créations demandées (rédaction d’un article, d’une analyse bibliographique…) :

  • Choix du thème du « mystère de l’étoile  KIC 8462852 » pour la rédaction d’un article sur l’actualité scientifique.
  • Choix de la retransmission télé en directe de l’alunissage pour la fiche 5000 (représentation indirecte de la science dans l’espace publique)
  • Choix du thème « l’environnement dans le cinéma, écofiction » pour l’analyse d’un corpus de films
  • Création d’un dossier pour négocier mon stage au boulot (en cours)
  • Création du blog

 

Lectures et sorties liées aux thèmes de la formation :

  • Lecture de Sciences, techniques et société de Christophe Bonneuil et Pierre-Benoît Joly aux éditions La découverte ;
  • Lecture Stop au dérèglement climatique du collectif Roosevelt aux éditions de l’Atlier ;
  • Présence à la conférence sur le TAFTA organisée par un collectif d’associations dans le 14è arrondissement de Paris ;
  • Présence aux journées « Biodiversité et Climat » organisée par la FRB ;
  • Visite du Musée de l’Homme ;
  • Présence aux Utopiales de Nantes sur le thème des « Réalités ».

Un article sera rédigé (en principe) sur chaque lecture et sortie du mois dans une optique de présenter l’axe STS ou tout simplement culturel.

[Non fiction] Stop au dérèglement climatique – Roger LAMOUR (2015)

Stop au dérèglement climatique
Collectif Roosevelt – Coordonné par Bruno LAMOUR
Éditions de L’Atelier
2015, 110 pages

Résumé : L’accumulation de gaz à effet de serre dans notre atmosphère en raison de l’activité humaine a bouleversé notre système climatique. En trente ans, le nombre d’évènements météorologiques extrêmes a déjà triplé. Si rien ne change, la température moyenne augmentera de 5°C à 6°C d’ici la fin du siècle. Peut-on encore éviter cette catastrophe qui serait fatale à l’humanité ?

En cent cinquante ans, l’activité humaine a changé le visage de notre planète.
– Première phrase du livre

J’ai dernièrement lu ce court plaidoyer sur le dérèglement climatique. Pas que j’ai vraiment besoin d’être informée sur le thème du changement climatique, mais je ne connaissais pas le collectif Roosevelt jusque-là, et j’étais curieuse de voir ce qu’il arrivait à dire en si peu de pages. Et en contexte proche de la COP21 (la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui aura lieu au Bourget du 30 novembre au 11 décembre 2015), c’était une bonne occasion de mettre en lumière ce petit bouquin sur le blog.

Premier point, je suis déjà contente du titre. Il ne parle pas de « réchauffement » climatique. Car oui, à certains endroits il y aura réchauffement, mais pas partout. C’est une multitude de changements globaux qui sont en gestation et les réduire à un « réchauffement » est vraiment trop réducteur. Je trouve déjà personnellement que c’est un bon point donc.

Deuxième point, dans l’introduction le collectif nous fait clairement une promesse :
« Ce petit livre a pour objectif de rendre accessible à toutes et à tous la question du changement climatique, dans des termes simples et clairs, en la reliant aux questions socio-économiques, car justice sociale et transition écologique vont nécessairement de pair. Nous voulons informer et donner des outils à toutes celles et ceux qui souhaiteraient comprendre et s’engager dans la bataille climatique ».

Et donc les informations sont réunies en 2 parties :

– Une présentation de la crise climatique en cours avec le contexte, le comment et le pourquoi. Le collectif nous explique qu’elle prend ses racines dans les questions économiques, sociales, écologiques et politiques. Et nous parle également des conséquences, encore une fois économiques, sociales, écologiques et politiques.
Le dérèglement climatique est alors une conséquence de notre mode de vie et de la réponse politique faible face aux changements qu’il faudrait lancer dans notre société. Réponse freinée en grande partie par l’économie libérale, mais à mon humble avis aussi par le mode de pensée actuel de notre société.

– Une présentation de 15 solutions proposées par le collectif, pour changer le système, faisant échos au slogan de Copenhague en 1992 « Changeons le système, pas le climat ». Cette partie nous explique le principe de la transition, une transition de notre société vers plus de sobriété, d’efficacité, de renouvelable, de démocratie et d’adaptation aux changements à venir.
Le comité n’accuse personne en particulier, tous les domaines sont abordés et ses solutions s’appliquent pour tout et par tous. De l’industrie aux politiques et l’économie, en passant par une mobilisation citoyenne et le droit international (car oui, la France ne pourra pas « sauver le monde » toute seule).

Et je dis au final, promesse tenue. Le sujet est clair, bien exposé et en plus c’est constructif.

Troisième et dernier point, c’est un exposé documenté. A chaque fin de chapitre ainsi qu’à la fin du livre, de la bibliographie (la source des faits et arguments) est proposée si on veut aller plus loin.

En conclusion c’est un court livre qui introduit clairement le sujet et qui pousse le lecteur à s’informer plus avant. Car chaque chapitre ou partie de chapitre mériterait un livre entier (de plus de 100 pages) qui lui soit consacré. Et en clair, le message important c’est que la société civile a tout intérêt à s’emparer du sujet si elle veut avoir son mot à dire.

Si vous, vous souhaitez aller plus loin, vous pouvez vous informer sur ce qu’il se prépare à la fin de cette année autour de la COP21 par exemple. Il y a une coalition d’associations qui s’est constituée ici et bien sûr un site officiel. Et plusieurs livres comme celui que je vous présente aujourd’hui sont sortis ces derniers mois.

La formation « Sciences et techniques dans la société »

Depuis début octobre, je suis à nouveau étudiante. Il nous a été demandé de faire un blog pour suivre nos projets et pour publier les rendus finaux de la formation que je suis actuellement. Mais qu’est-ce que cette formation au juste ?

C’est une formation diplômante du CNAM, dont le but est (dans mon cas) d’apprendre à des adultes (en activité professionnelle ou non) les fondements sociologiques de la médiation scientifique, ses évolutions, la maîtrise de ses outils (tous supports, de l’article de journaliste à la création de vidéos ou d’émission radio) et son rôle dans la société. Le tout dans un cadre professionnalisant.

Personnellement, je souhaite valider cette formation en une seule année, mais on peut prendre (il me semble) autant de temps que l’on veut. Il y a en tout 7 unités d’enseignement (UE) à valider, qui sont toutes plus ou moins liées.

Les UE 210, 211, 212 : Ces trois unités vont répondre à la question de ce qu’est le domaine des Sciences et techniques dans la société, en abordant la définition même de la science et ses intrications avec la société, ce qu’il se passe dans l’espace publique dans ce domaine, quels sont ses enjeux contemporains et quels sont les outils de médiation à disposition.

Les UE 201 et 202 : ces unités abordent le thème de la technique et de l’innovation dans la recherche, dans le cadre des politiques publiques puis internationales. Elles vont présenter comment circule le savoir et ce qu’est l’innovation.

Les UE 214 et 215 : ces deux dernières unités sont un approfondissement des 5 précédentes. Y sont analysés les supports de médiation scientifique et demandé la création d’un support propre à l’étudiant en apprenant toute la démarche qui en dépend. Cette année c’est une focalisation sur le cinéma qui devra aboutir à un film de 3 à 5 min.

Pour la validation complète, il faut également fournir un mémoire, faire un stage de 3 mois et réussir un test d’anglais.
Une participation au site pédagogique de la formation, La Lucarne, est possible. Et cette année il y a en bonus, sans obligation de participation, un projet de pièce de théâtre sur le transhumanisme.